Les fermières et fermiers du Nouveau-Brunswick ressentent de plus en plus les effets des changements climatiques en raison d’événements météorologiques violents plus fréquents et extrêmes. Rappelons-nous de la sécheresse de 2020 en guise d’avertissement sur ce qui est à venir en raison du réchauffement climatique. Au cours de la saison de croissance de cette année-là, le Nouveau-Brunswick a reçu un dixième des précipitations moyennes – pas assez pour remplir nos rivières et irriguer nos champs. La fin de la saison n’a apporté qu’un quart des précipitations moyennes. Nos opérations agricoles ont connu des difficultés, et les rendements dans toute la province ont chuté de manière significative en conséquence. Cette année, l’ouragan Fiona a causé des dommages significatifs aux infrastructures dans l’est de la province, et les pertes à l’Î.-P.-É. n’ont pas encore été comptabilisées, nous pourrions facilement être sur la route du prochain désastre climatique.
L’intersection entre les pratiques agricoles et la santé environnementale donne aux agricultrices et agriculteurs la possibilité de jouer un rôle important dans l’atténuation et l’adaptation au changement climatique. Avec un total de 1 851 fermes, le secteur agricole emploie plus de 13 000 Néo-Brunswickois.e.s. En 2020, les fermes du Nouveau-Brunswick ont déclaré des revenus agricoles annuels totaux de 734,2 millions de dollars. Afin d’agir concrètement sur le climat, le secteur agricole a besoin d’un soutien fort de la part du gouvernement : des politiques claires et un soutien financier adéquat. Les agricultrices et agriculteurs – et notre province dans son ensemble – seront grandement touché.e.s par les conséquences environnementales de ne pas en faire assez maintenant.
Le secteur agricole représente environ quatre pour cent des émissions totales de GES de notre province. À la fin juillet, les ministres canadien.ne.s de l’Agriculture ont annoncé un accord de principe pour le prochain Cadre stratégique pour l’agriculture, qui régit les dépenses du secteur dans l’ensemble du pays. Le nouveau cadre, en vigueur en avril 2023, est meilleur que son prédécesseur. Il y a un engagement à réduire les GES agricoles nationaux de trois à cinq mégatonnes, 500 millions de dollars de nouveaux fonds (une augmentation de 25 %), 250 millions de dollars pour soutenir la séquestration et l’adaptation du carbone, et un engagement renouvelé à réduire les émissions provenant de l’utilisation d’engrais azotés de 30 pour cent.
Mais le Cadre n’apporte toujours pas les grands changements systémiques nécessaires pour faire face à la crise climatique. L’objectif d’émissions est la moitié de ce qui est nécessaire. Les mesures visant à lutter contre le changement climatique et les réductions d’émissions pourraient être plus solides. Nous avons besoin de changements plus substantiels pour rendre les programmes de gestion des risques de l’entreprise sensibles au risque climatique. Sans compter qu’encourager les exportations joue un rôle plus important que nécessaire dans les efforts fédéraux.
En 2021, Fermiers pour la transition climatique (FTC) – une coalition nationale dirigée par des agricultrices et agriculteurs qui vise à intégrer l’agriculture à la solution aux changements climatiques – a réuni un groupe de travail d’expert.e.s dirigé par des agricultrices et agriculteurs pour identifier les moyens les plus rentables de réduire rapidement les émissions. Leurs recommandations de programmes tracent la voie vers un secteur agricole résilient au climat qui donne la priorité aux moyens de subsistance des agricultrices et agriculteurs et à la sécurité alimentaire de toustes les Canadien.ne.s. FTC recommande une gamme d’options de programmes et de politiques pour améliorer la gestion des fertilisants azotés, l’entreposage et la manutention du fumier et du lisier, la gestion du bétail, la gestion des sols et la gestion des milieux humides et arborés.
Ces pratiques proposées procurent des co-bénéfices considérables, tels que l’amélioration de la biodiversité et de la santé des sols, l’amélioration de la capacité de rétention d’eau et la prévention de l’érosion des sols. En mettant en œuvre des solutions intelligentes face au climat qui réduisent davantage les émissions de GES, le secteur agricole du Nouveau-Brunswick protégera la terre, l’eau et l’air dont il dépend pour sa durabilité à long terme.
Le gouvernement fédéral négocie actuellement avec les provinces et les territoires pour déterminer les types de financement et de programmes les mieux adaptés à chaque région. Nous avons des exemples de réussites, ici au Nouveau-Brunswick, de fermières et fermiers qui adoptent déjà des pratiques pour réduire les émissions et renforcer la résilience. Nous avons besoin que notre gouvernement intervienne pour soutenir ces efforts et soutenir les fermières et fermiers qui ont besoin de ressources pour mettre en œuvre de telles pratiques.
Publié par NB Media C0-0p le 28 janvier 2023
Geneviève L. Latour est secrétaire de l’Union nationale des fermiers au Nouveau-Brunswick et membre du groupe de travail sur les relations gouvernementales provinciales de Fermiers pour la transition climatique.