Ted Wiggans, président de l’Union nationale des fermiers du Nouveau-Brunswick, est agriculteur depuis 30 ans près de Harvey Station et a 20 ans d’expérience de travail dans les services correctionnels au NB, SK, ON
Les fermes pénitentiaires, créées dans les années 1880, ont été créées pour produire de la nourriture pour les institutions et pour s’assurer que les détenus étaient soumis à des travaux forcés. Au fil du temps, les fermes pénitentiaires ont évolué pour devenir des programmes de formation et de réhabilitation. À la fin des années 1950 et 1960, ces exploitations sont devenues des annexes agricoles et, en 1974, l’annexe de la ferme Dorchester est devenue l’établissement Westmorland. Au niveau provincial, la maison de correction centrale du Nouveau-Brunswick, maintenant fermée, gérait également un programme agricole.
Le 23 février 2009, le gouvernement canadien a annoncé la fermeture de six fermes pénitentiaires, dont celle de Dorchester, au Nouveau-Brunswick. Lorsque ces programmes ont été démantelés, on a fait valoir qu’ils ne fournissaient pas aux détenus les compétences nécessaires pour réussir à leur sortie de prison. Les détenus de ces programmes agricoles ont acquis des compétences telles que l’entretien des plantes, la lutte antiparasitaire, le fonctionnement et l’entretien des machines agricoles, l’élevage, la traite, la transformation de la viande et le travail d’équipe. Ces compétences ne sont pas seulement applicables à l’agriculture mais sont directement transférables à de nombreux autres métiers.
Ayant travaillé pendant plus de 20 ans dans les services correctionnels, je sais que les prisons sont des endroits difficiles. Ceux qui y entrent ont souvent des déficits sociaux et émotionnels difficiles à résoudre dans un tel cadre. La bienveillance, la compassion et le respect de soi et des autres sont difficiles à réaliser en milieu carcéral. Travailler avec des plantes et des animaux peut faire ressortir les vertus cachées des gens telles que la patience, la persévérance, l’engagement et la compassion. Ces qualités sont nécessaires pour réussir à la fois sur le lieu de travail et dans la vie en général.
Les prisons agricoles ont apporté d’importantes contributions à leurs communautés locales. Les infrastructures agricoles, qui s’érodent rapidement, ont bénéficié de ces opérations. Les entreprises de fournitures agricoles, les marchands d’équipement et les ateliers de réparation étaient soutenus par des fermes pénitentiaires qui contribuaient à leur viabilité continue dans leurs communautés. Par exemple, l’établissement correctionnel de Pittsburgh exploitait un abattoir qui transformait les animaux de 300 fermes de la région de Kingston. Certaines fermes pénitentiaires ont également contribué aux banques alimentaires locales.
Les fermes pénitentiaires ont-elles un avenir ? Si le gouvernement canadien prend au sérieux les slogans actuels tels que l’alimentation locale, la sécurité alimentaire et la réhabilitation, la réponse est évidente. Les fermes pénitentiaires contribuent à l’alimentation locale et à la sécurité alimentaire de leurs communautés environnantes grâce au soutien des infrastructures agricoles et à l’aide aux banques alimentaires locales. À leur libération, les détenus qui ont acquis des compétences agricoles représentent une ressource humaine dont l’industrie agricole a cruellement besoin.
L’objectif principal des fermes pénitentiaires devrait continuer d’être la réhabilitation des détenus. La fourniture d’un travail significatif contribue à une atmosphère positive dans les établissements correctionnels. Si les plantes et les animaux, l’air frais et un travail stimulant peuvent répondre aux besoins sociaux et émotionnels des détenus, alors l’investissement du Service correctionnel du Canada est justifié.
La réponse du public à la décision de fermer les prisons agricoles peut s’expliquer en partie par la déclaration d’Andrew McCaan dans la série radiophonique « Deconstructing Dinner » intitulée « The Future of Prison Farms ». « … cela met en lumière la myopie générale des politiques du gouvernement canadien en matière d’agriculture et d’alimentation ». Cela met également en lumière la myopie de l’approche du gouvernement en matière de réadaptation correctionnelle. Nous espérons voir l’établissement Westmorland et les cinq autres fermes pénitentiaires du pays rouvrir.