SAINT-MAURICE – Partout à travers le monde, des jeunes comme Eva Rehak et Alain Rousselle, de Saint-Maurice, font un retour à la terre.
Depuis quatre ans, Eva Rehak (31 ans), Alain Rousselle (33 ans) et leurs enfants, Claire et Rose, vivent des fruits et des légumes qu’ils cultivent sur la ferme Alva, construite sur un acre et demie de terre à Saint-Maurice, près de Bouctouche. Chaque semaine, ces jeunes paysans livrent des paniers remplis des cueillettes de leur ferme. Au printemps, leurs clients paient pour recevoir de tels paniers pendant 18 semaines, de la mi-juin à la mi-octobre.
Le choix de vie d’Alain et Eva est de plus en plus populaire à travers le monde. Mme Rehak s’est récemment rendue en Indonésie pour la Via Campesina, un rassemblement international sur la vie paysanne qui a lieu tous les quatre ans. «Il y a un mouvement mondial, explique la fermière originaire de l’Ontario. Mon voyage m’a motivée en me montrant qu’il y a beaucoup de jeunes qui retournent au métier de fermier et à l’agriculture.»
S’il y a une volonté des jeunes de construire des fermes, passer à l’acte n’est pas une mince tâche. Il faut des moyens financiers pour se payer un lot de terre et de l’équipement. Les fermiers en herbe sont confrontés à de grands défis. «Avant de nous établir ici, nous avons malheureusement dû aller travailler en Alberta pour épargner de l’argent, nous apprend la copropriétaire. Une fois qu’on en avait assez, nous sommes venus ici puis nous avons trouvé notre petit lopin de terre.»
Selon la fermière, le gouvernement du Nouveau-Brunswick devrait offrir un meilleur coup de pouce aux jeunes fermiers. «Au Québec, si les jeunes font des études et présentent un projet viable, ils peu- vent avoir de l’aide financière, a-t-elle mentionné. Ils reçoivent une prime à l’éta- blissement. On n’a pas ça au ici. Si nous avions pu avoir ça dans les premières années, ça nous aurait aidés grandement.»
Lors de son voyage en Indonésie, Eva Rehak a rencontré des paysans de 88 pays à travers le monde. En leur parlant, elle a constaté que son expérience comme jeune fermière ne diffère pas tellement de celle des autres. «Un problème récurrent est le “land grabbing”. C’est quand le gouvernement achète la terre des fermiers pour exploiter les ressources qui s’y trouvent… Au Brésil, des paysans sont tués afin de prendre les ressources qui sont sur leur terre.»
«Il y a aussi le contrôle des semences. Tu ne peux pas vraiment sauver ou vendre tes propres semences, il y a des restrictions.» La fermière de Saint-Maurice a également fait part de ses inquiétudes par rapport aux organismes génétiquement modifiés et au changements climatiques.