L’Union nationale des fermiers (UNF) au NB croit qu’un échange de terrains dans la Péninsule acadienne annoncé récemment est une mauvaise idée. Le 31 octobre, la province annonçait qu’elle allait céder 15 712 acres à Oxford Frozen Foods, une compagnie multinationale dont le siège social est à Oxford, en N.-É., pour la culture éventuelle de bleuets en échange de terrains privés qui ne conviennent pas à cette culture.
Oxford Frozen Foods a promis de construire une usine de 50 millions de dollars pour la transformation des bleuets. Bien que la compagnie opère huit usines en N.-É., au N.-B. et au Maine, le gouvernement du Nouveau-Brunswick a offert de prêter à cette corporation 37,5 millions de dollars pour l’expansion de son entreprise déjà très performante. Oxford Frozen Foods a promis que 300 emplois seraient créés. Personne n’a indiqué « quand » ces emplois allaient se concrétiser, ni si ce chiffre comprend aussi les emplois à court-terme reliés à la construction, ou bien si ce seront des postes permanents, ou saisonniers, ni combien ces emplois vont payer en salaire.
Oxford Frozen Foods est le principal bénéficiaire dans cette entente, au détriment des producteurs de bleuets sauvages dans le Nord-Est du Nouveau-Brunswick. Le 28 octobre, le Ministre de l’Agriculture, de l’Aquaculture et des Pêches, Michael Olscamp, déclarait : « Les bleuets sauvages sont uniques au Nord-Est de l’Amérique du Nord et la demande pour ceux-ci augmente à travers le monde à cause de leur effets bénéfiques pour la santé. »
Ce communiqué déclarait que pour satisfaire la demande, le Nouveau-Brunswick devait développer au moins 20 000 acres de bleuets sauvages à la fois sur les terres privées et sur les terres publiques (couronne). Olscamp annonçait qu’au delà de 5 600 acres de terres publiques seraient mis à la disponibilité des producteurs locaux pour la production de bleuets sauvages dans la Péninsule acadienne au cours des prochains 24 mois, en plus de 600 000 $ pour le développement de puits d’eau potable et de chemins d’accès communs.
Trois jours plus tard, notre gouvernement offrait l’utilisation de presque trois fois plus de terres à une corporation de l’extérieur de la province après des demandes répétées pendant plusieurs années par des producteurs performants du Nouveau-Brunswick qui demandaient plus d’accès aux terres publiques pour aggrandir leurs opérations.
Olscamp déclarait : « Cette stratégie vise à s’assurer que nos producteurs de bleuets puissent satisfaire la demande mondiale, tout en supportant les compagnies et les individus qui veulent diversifier ou prendre de l’expansion dans le secteur des aliments et des bioproduits à valeur ajoutée. » Cependant, une proposition de mettre sur pied une coopérative appartenant aux producteurs pour la transformation des bleuets semble n’avoir reçu aucun appui du gouvernement.
En tant qu’organisme agricole général qui promouvoit les fermes familiales et les méthodes de production durable, l’UNF au NB croit que la décision d’assigner autant de terres publiques pour l’utilisation par Oxford Frozen Foods va heurter les producteurs de bleuets qui opèrent déjà dans la région. Financer cette grosse multinationnale va augmenter cette entreprise au détriment de tous les autres petits compétiteurs.
« Cette annonce devrait préoccuper tous les fermiers, tous les citoyens du Nouveau-Brunswick, et non seulement les producteurs de bleuets, » expliquait Jean-Eudes Chiasson, Président de l’UNF au NB. « Les producteurs de bleuets indépendants dans le Nord-Est du Nouveau-Brunswick produisent présentement au delà de 40 millions de livres de bleuets. Pourquoi est-ce que la province aurait-elle choisi de mettre en péril le moyen d’existence des familles fermières qui opèrent présentement une production fructueuse de bleuets et donner au même moment un tel avantage à une compagnie multinationale ?»
« Notre gouvernement doit supporter nos producteurs et nos transformateurs locaux d’aliments si nous voulons augmenter notre consommation d’aliments produits au Nouveau-Brunswick, » déclarait Marieka Chaplin, Directrice générale de l’UNF au NB. « Selon nos conversations avec les producteurs de bleuets dans cette région, nous supportons la création d’une coopérative, telle que proposée par les producteurs. »