Étant une personne qui vient d’ailleurs, élevée dans un quartier urbain, il peut être difficile de négocier sa propre place au sein de la communauté fermière du Nouveau-Brunswick. En tant que jeune fermière sans expérience, cela peut rendre les choses encore plus difficiles.
Notre ancien président, Jean-Eudes Chiasson, m’a demandé autrefois ce que, selon moi, était la définition d’un fermier ? En ce temps-là, mon partenaire, John, et moi élevions du porc, des bovins laitiers et des bovins de boucherie, partageant équitablement les tâches de la ferme et les coûts pendant plusieurs années. Peu importe, je ne me sentais pas confortable de m’appeller une fermière.
Ce fut seulement un jour l’été dernier, pendant la récolte des foins, lorsqu’un voisin fit référence à mon partenaire comme étant « John, le fermier » et à moi comme « la femme du fermier » ; c’est là que j’ai compris que moi, ainsi que plusieurs autres femmes, avons une obligation de commencer à assumer le titre de « fermière ». Non pas « femme de la ferme » ou « femme en agriculture ». Fermière. Point à la ligne. Jusqu’à ce que l’on fasse cela, négocier notre place dans la communauté agricole va continuer à être difficile.
En mettant le féminisme de côté, il est essentiel pour les femmes au Nouveau-Brunswick de s’approprier nos rôles sur nos fermes et pour la communauté des fermiers du Nouveau-Brunswick d’embrasser les femmes fermières, ainsi que les jeunes fermiers, les fermiers urbains et les nouveaux fermiers canadiens comme étant des joueurs importants dans la prochaine génération de l’agriculture.
Ça ne devrait être aucunement une surprise que l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (la FAO) estime que les femmes sont responsables pour la moitié de la production mondiale de la nourriture. Au Canada, bien que la majorité des fermes soient encore la propriété des hommes et exploitées par eux, les femmes ont toujours fait une part égale du travail. Qui plus est, les statistiques commencent à démontrer que les jeunes femmes, éduquées et nées en ville, renversent la tendance démographique du fermier mâle et vieillissant.
Non seulement de plus en plus de fermiers sont femelles, mais ces femmes sont souvent les principales exploitantes et propriétaires foncières, ou bien elles en ont une part égale, tout comme les opportunités de prises de décisions. Bien que le nombre de nouvelles fermières augmente lentement, le fait que les femmes choisissent d’assumer des rôles de leadership sur les fermes pourrait avoir des implications importantes pour la direction de l’agriculture au Nouveau-Brunswick.
Des études effectuées aux États-Unis démontrent que les femmes contribuent une différenciation et de nouvelles approches à la gestion des fermes et des champs.
Les femmes sont plus aptes que les hommes à exploiter des fermes avec une diversité de cultures, à vendre des aliments directement aux consommateurs, plutôt qu’aux grosses entreprises transnationales de transformation agro-alimentaire, en plus d’utiliser des méthodes agricoles plus écologiquement durables. Puisque les consommateurs demandent plus d’authenticité, de saveur, de variété et de transparence dans leurs aliments, des produits alimentaires différenciés (en plus des denrées standards), ainsi que des approches plus durables pour l’agriculture, tout cela est une tendance importante, non pas une mode passagère.
Une façon claire d’assurer la diversité et la variété que les consommateurs recherchent, c’est de faciliter la diversité et la variété de nos producteurs d’aliments. Donc, l’importance de la participation des femmes dans la communauté agricole, dans les associations de gens d’affaires, dans les associations agricoles, dans les stages de formation et dans l’agriculture pratique sur le terrain, ne peut pas être minimisée. Une plus grande participation des femmes dans tous les aspects de l’agriculture a sans doute la capacité de renforcer les économies agricoles et rurales.
Je pense à la question de Jean-Eudes presque chaque jour et j’ai enfin compris que c’est tout simplement la production des choses qui contribuent à notre approvisionnement en nourriture qui fait qu’une personne est un fermier. Un système d’approvisionnement alimentaire au Nouveau-Brunswick exige une diversité de contributeurs.
Bien que la communauté agricole soit difficile à aborder, l’UNF au NB a fait preuve de grand leadership en invitant tous ses membres à faire partie de la communauté et de faire entendre leurs voix. L’UNF accepte et représente tous les fermiers, peu importe comment ils se définissent et elle crée de l’espace pour les femmes et les jeunes sur le Conseil d’administration et dans les postes de leadership dans l’ensemble de l’organisation.
Je suis fière de représenter Becaguimec Farm et Falls Brook Centre en tant que présidente des femmes, et je suis enchantée d’avoir l’opportunité de travailler à côté de la diversité de fermiers sur notre Conseil d’administration, ainsi que pour la diversité croissante de nos membres sur les enjeux qui affectent tous les fermiers — jeune, vieux, chevronné, novice, nouveau Canadien ou résident à long terme, homme ou femme.
Je vous demande tout votre appui pour la prochaine génération de fermiers, qui pourraient ne pas paraitre ou agir comme un fermier typique, mais qui relèvent le défi que représente l’agriculture au Nouveau-Brunswick. Nous avons besoin de mentors, d’entraineurs et d’alliés ; l’UNF est un endroit merveilleux pour trouver cet appui.
L‘union fait la force, n’est-ce pas ?
Emily Shapiro, présidente des femmes